lundi 20 avril 2020

Angelo SCAGLIOTTI (1849-1889) - son Histoire scellée à jamais à celle de la Tour Eiffel







A la Mémoire de notre arrière-grand-père

Angelo SCAGLIOTTI  (1849-1889)

Son histoire scellée à jamais à celle de la construction de la Tour Eiffel

ANGELO SCAGLIOTTI est né à BRESSANA (Province de PAVIE) en 1849. Il grandit au sein d’une famille de paysans aux côtés de son frère GIOVANNI.

Destiné à travailler la terre comme ses parents, son père MAURO et sa mère MARIA, il semble plus attiré par la mécanique et tout ce qui touche à la construction.


 


Ainsi vers 1875, il va travailler sur un projet de pont flottant qui va permettre de franchir le Pô à sa confluence avec le fleuve TESSIN à quelques kilomètres de chez lui. C’est à cet endroit même que sera édifié beaucoup plus tard le Pont BECCA inauguré en 1912.

 



 

Il apprend qu’une importante construction (Pont ferroviaire) se fait en France, il part seul se faire embaucher.  Il participera ainsi à la construction du Viaduc de GARABIT (1880-1884) et retournera chez lui à BRESSANA lorsque l’œuvre sera accomplie.

Nous ne connaissons pas la date d'arrivée exacte d'ANGELO sur le chantier de GARABIT, mais ce n'est probablement pas avant le 1er août 1882. Cette date marque le début du montage des piles métalliques et donc le besoin d'ouvriers riveurs. Le 5 mai 1884, un cliché du viaduc montre des filets de protection sous les trois voussures sommitales de l'arc. C'est la fin de son rivetage. Le dernier lançage du tablier côté Saint Flour est effectué le 17 juin 1884, après que la totalité de l'arc soit rivetée. Pour conclure, comme "ANGELO le riveur" a fait toute la campagne à GARABIT, il y est sûrement resté entre août 1882 et juin 1884.

 



 


 . Le Viaduc de Garabit (Ruynes-en-Margeride, France)

Peut-être le plus beau viaduc du monde. Un majestueux pont en fer qui enjambe les Gorges de la Truyère, sur la ligne de chemin de fer des Causses.D’une hauteur de 122 mètres et d’une longueur de presque 565 mètres, il fut achevé en 1884, au terme de 4 années de travaux. Il fut conçut par Léon Boyer et Eiffel œuvra sur le projet, via sa compagnie en sa qualité d’ingénieur.

 

De retour au pays, ANGELO rencontre dans sa ville natale sa future épouse AMALIA NOVARINI née à BRESSANA le 16 mars 1861. Un premier fils, PIERRINO naît de leur union le 1er juin 1885. 


L’Italie est à cette époque en pleine récession économique - ANGELO veut retourner en France mais cette fois avec toute sa Famille et c’est en 1887 que sa décision est prise. Le chantier de la TOUR EIFFEL est annoncé ; ANGELO ne peut retenir son envie de participer à une nouvelle aventure compte tenu de son expérience sur GARABIT. Il se sent pleinement motivé à l’idée de retrouver ses compagnons riveurs. Toute la petite famille va immigrer vers la France alors qu’un deuxième fils MAURO vient de naître le 11 mai 1887.


Les SCAGLIOTTI arrivent donc dans la Capitale et ANGELO n'a aucun mal à se faire embaucher dés le lancement du chantier de la construction de la Tour Eiffel où il va exercer son dur métier de riveur. 

 




« Au début du XX e siècle la communauté italienne devint la première communauté étrangère résidente dans le pays, avec près de 500 000 personnes en 1911. ... Jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, la cause de l'immigration italienne en France était essentiellement économique. »

 

ANGELO participera ainsi à la totalité des travaux d’édification de la Tour.  Pour preuve, son nom est répertorié sur les registres des récipiendaires des médailles d’Argent  attribuées aux ouvriers ayant travaillé pendant toute la durée du chantier (premier coup de pelle 28 janvier 1887 – ouverture de la Tour au public 15 mai 1889).
 
 


Les riveurs représentent une partie très importante des ouvriers du chantier, voici ce qui est écrit de leur activité très spécifique : 

« Rivetage de la tour Eiffel :
Le nombre total des rivets posés sur place, a été de 1 050 846. Le nombre posé par semaine a été très variable; il a atteint, en août 1889, le chiffre important de 22 000 par semaine, avec 20 équipes de riveurs. Ce nombre total est décomposé ci-dessous, suivant les mêmes périodes que celles prises dans l'historique du montage.
  • 1er juillet au 4 décembre 1887 (montage des quatre premiers panneaux) : 189 580
  • 1er décembre 1887 au 1er avril 1888 (achèvement de la première plate-forme) : 235 809
  • 1er avril au 14 août 1888 (fin du montage de la deuxième plate-forme) : 283 898
  • 14 août au 30 novembre 1888 (fin du montage de l'intermédiaire) : 102 181
  • 1er décembre 1888 au 24 février 1889 (fin du montage de la troisième plate-forme) : 100 739
  • 21 février au 15 avril 1889 (achèvement du montage) : 50 808
  • 15 avril au 1er juin 1889 (achèvement de la rivure) : 27 708
  • Total : 1 050 810
Le nombre réel de jours de travail, du 1er juillet 1887 au 30 avril 1889, a été, comme il sera indiqué plus loin, de 635. Le nombre moyen de rivets posés par jour est donc de 1650, avec une moyenne de 16 équipes. »

 
 

 
 
Les SCAGLIOTTI résident au numéro 121 du quai d’Orsay et ont la joie d’accueillir un troisième enfant, le 18 février 1889 (naissance à PARIS 15ème) une petite fille  qu’ils prénomment MARIA TERESA ERNESTA.

Certainement par volonté de vouloir réussir une intégration parfaite dans le pays d’accueil, les prénoms d’origine de toute la famille SCAGLIOTTI vont se franciser ; Angelo se fait appeler ANGE, Amalia devient MELIE-THERESE, Pierrino devient PIERRE, pour Mauro c'est EMILE qui est choisi et pour Maria Teresa Ernesta ce sera ERNESTINE.

On peut facilement imaginer que le bonheur règne à la maison. Ange travaille très dur « sur la Tour » mais gagne bien sa vie. Il est à six minutes à bicyclette de son lieu de travail par les quais de Seine.

Son épouse Mélie-Thérèse, journalière, participe aussi à « faire bouillir la marmite » et élève ses trois enfants dans la joie du foyer. La fin du chantier de la Tour Eiffel est toute proche mais certainement, compte tenu de sa qualification, Ange va pouvoir trouver facilement du travail dans la capitale où il souhaite s’implanter définitivement.





« La construction de la tour n'a pas posé de problème particulier, le chantier, a été fini avant la date limite. Il faut juste noter la grève des ouvriers, à l'approche de l'hiver 1888, qui revendiquaient de meilleurs horaires de travail et une prime de risque compte tenu de la hauteur à laquelle ils travaillaient. Gustave Eiffel céda sur la prime qu'il augmenta, bien qu'il notait que les ouvriers étaient mieux payés sur ce chantier que sur un autre, mais refusa d'indexer la prime sur la hauteur de travail, vu que le risque était, selon lui, le même quelle que soit la hauteur de travail. Le chantier employa 250 personnes au maximum, ce qui était déjà pas mal, et malgré les risques aucun mort n'a été à déploré. »

·        Il est important de bien avoir en tête les 4 dates clés liées à l’édification de la Tour Eiffel pour remettre dans son contexte l’histoire de notre Arrière Grand-père.

L'inauguration de la Tour Eiffel a eu lieu le 31 mars 1889, juste après la fin de la construction de la structure métallique. Les ouvriers travaillaient encore dessus, mais c'était pour la pose des machineries et l'installation des ascenseurs, plus certaines finitions, par-ci par-là. Mais le principal, l'ossature, était terminée. Au sommet se dressait la hampe prête à recevoir le drapeau tricolore, ce qui était le symbole de l'inauguration officielle.
6 mai 1889 : Ouverture de l'exposition universelle de 1889
La tour Eiffel sert de portail d'entrée à l'exposition universelle de 1889. Le Monde découvre alors la grandeur de cette structure édifiée en plein Paris. Les travaux s'y poursuivent malgré tout, ce qui fait que les visiteurs ne peuvent pas encore y monter.
15 mai 1889 : Ouverture de la tour au public
Le public peut enfin monter sur la tour Eiffel, mais par les escaliers uniquement, les ascenseurs n'étant pas encore mis en service. Les visiteurs arrivent en masse. Dès la première semaine on comptabilise 28 922 visiteurs, ce qui est énorme. Ce succès sera plus mitigé par la suite.
26 mai 1889 : Mise en service d'un des deux ascenseurs "Roux et Combaluzier".
Le premier ascenseur a été mis en service est celui du pilier Est, c'est un Roux et Combaluzier, qui sera remplacé 10 ans plus tard.


 

En ce vendredi ensoleillé du 24 mai 1889, c’est le drame sur le Champ de Mars, le coup du sort frappe nos jeunes pionniers italiens, ANGELO, âgé de 40 ans, trouve la mort au sein de la tour de 300 mètres, la tour la plus haute du monde, pour laquelle il aura versé tant de sueur. 


Assistant aux manœuvres de pose et réglage du tout premier ascenseur, il s’est vraisemblablement trop approché et  commettant une imprudence, son crâne est écrasé lors du passage de la cabine. Il était 10 H. du matin et sa mort est constatée par deux de ses camarades ouvriers présents sur les lieux, à savoir Auguste GILARDIN (37 ans demeurant à PARIS – 97,  rue Blomet) et Achille CHAVARD (60 ans demeurant à PARIS – 12, rue Manuel).
Dans la mémoire familiale, les plus anciens racontent qu'ANGELO était entré à l'intérieur de la cabine de ce fameux premier ascenseur alors à l'essai. il aurait été brusquement déséquilibré suite à la mise en route inopinée de la machinerie alors que personne ne s'y attendait. Dans sa chute, une fracture du crâne lui était fatale.


LE CERTIFICAT DE DECES d'ANGELO SCAGLIOTTI




LE REGISTRE OFFICIEL DU CIMETIERE DE BAGNEUX à la page du 26 MAI 1889



Ce premier accident mortel sur l’édifice, alors que celui-ci vient tout juste d’être ouvert au public, n’est pas de bonne augure et vient entacher l’image du projet et la notoriété de Gustave Eiffel lequel se fait un point d’honneur que ses constructions soient exemptes de la moindre critique.

Cette volonté de passer sous silence cet évènement, afin de ne pas le classer comme « accident du travail » (sa notion juridique n'a été introduite qu'à compter de la loi du 9 avril 1898), donne lieu à l’époque à  des interprétations parfois grotesques pour le mettre en marge de « la construction de la Tour » et surtout de porter toute la responsabilité sur la victime elle-même. Par ailleurs, on ne trouve aucun article de presse sur ce malheureux fait divers.



Voici ce qu’on peut lire « sur le net » des récits de la mort de notre arrière grand-père. Retranscrits ci-après, on décèle pas mal d’imprécisions et le nom de SCAGLIOTTI souvent mal orthographié (Siagelotti, Scaglietti, etc.…).

« Angelo Scagliotti était fier d'avoir participé à la construction de la Tour. Cet Italien avait figuré parmi les 250 ouvriers qui avaient assemblé les pièces de fer puddlé arrivées de Pompey à Levallois-Perret, puis transférées au Champ de Mars. Le chantier achevé, il allait enfin pouvoir faire visiter le monument à sa fiancée, certains disent sa femme. C'était un dimanche. Il ne travaillait pas. Le couple avait accédé au 1er étage. Dès lors, les rumeurs vont bon train et nul ne connut jamais les conditions exactes du décès de l'ouvrier transalpin. Écrasé par un ascenseur disent les uns, monté en équilibre sur un vélo pour épater sa belle, il bascula dans le vide, disent les autres. À quelques jours de l'ouverture au public, pas question pour Gustave Eiffel, de gâcher la fête ni de ternir l'image d'une Tour alors contestée. L'industriel décide de négocier avec la veuve, lui offre de l'argent pour étouffer l'affaire, à la condition qu'elle retourne en Italie. Elle empoche la somme et quitte Paris. Mais elle ne rentra jamais de l'autre côté des Alpes. Elle s'arrêta en Haute-Saône et plus jamais personne n'entendit parler d'elle. »


Dans un blog « La vie de la Tour », on relève :


« 3) Les Accidents 
Eiffel a une philosophie, il pense que le risque est le même à 60 mètres qu’à 300 mètres. En effet, la mort est certaine dans les deux cas. Ainsi, les ouvriers ne peuvent pas se plaindre du risque trop élevé en haut de la Tour. De plus, des précautions ont été prises afin d’éviter les accidents. Bien sûr, des grillages ont été installés pour que les ouvriers ne tombent pas, mais  on y ajoute aussi des rallongements afin d’éviter la chute des outils. Grâce à ces précautions, un seul ouvrier connut la mort sur le chantier, l’italien Angelo SCAGLIOTTI » 


Dans le site Wikipedia, on trouve cette information : 


« Conditions sociales des ouvriers :
Sur le chantier, les charpentiers sont les mieux payés, les autres ouvriers (principalement les équipes de riveteurs) sont mieux rémunérés que la moyenne de ce qui se pratiquait dans ce secteur à l'époque et un seul accident mortel sera à déplorer, un ouvrier italien, Angelo Scaglioti, tombé du premier étage après la fin de la construction. »


Ce qui suscite même une remarque de la part d’un lecteur et qui s’exprime dans un forum  de discussions :
« L'ouvrier n'est pas mort dans les conditions décrites. Angelo Scagliotti est mort écrasé lors de la pose de l'ascenseur. En effet la veuve a été dédommagée afin qu'elle n'évente pas l'affaire qui fait tache lors de la construction de l'édifice. Les faits étant prescrits, l'histoire doit être rétablie par respect de la mémoire du défunt et par respect des descendants (dont je fais partie). »


Dans son livre « Souvenirs italiens à Paris », Jean MODOT, écrit « page 279 » avec une certaine réserve :
« Et sur ce chantier, hors du commun, on ne déplora qu’un seul accident mortel, mais dont le sort voulu que ce fût un ouvrier italien : Angelo Scaglietti. Le malheureux semble avoir commis une imprudence qui lui fut fatale »


Deux accidents consécutifs ( ?) sont aussi relatés  ce qui ajoute pas mal de confusion dans les faits ; la volonté recherchée est claire de vouloir séparer les accidents touchant les ouvriers et le public :
« Dans un ouvrage « Dictionnaire » relatif à la Tour Eiffel au chapitre « ACCIDENTS » : il est écrit :
« Pendant la construction : il n’y a qu’un accident mortel. Encore est-il dû à l’imprudence d’un jeune ouvrier voulant montrer à sa fiancée son habileté à circuler sur les poutrelles, il se tue dans sa chute.
25 mai 1889 : premier accident dans le public. Un italien, M. Siagelotti (40 ans) se fracasse le crâne pour avoir voulu regarder de trop près le fonctionnement des ascenseurs. »





En 1995 et pour la première fois, l’histoire d’Angelo est racontée à la télévision grâce à un documentaire diffusé sur la chaîne ARTE, intitulé « La Tour et Eiffel ». Ce film présente la construction de la Tour avec un certain regard sur « les secrets bien gardés et faits historiques ». Une longue séquence est consacrée à Angelo SCAGLIOTTI avec la volonté de rechercher la vérité sur sa mort accidentelle ; la parole est donnée en témoignage à un de ses petits fils à la suite de nombreuses recherches et échanges de courrier avec les descendants :









La tour et Eiffel      de Claire JEANTEUR
Documentaire, 1995, couleur, 49min
Collection Paris Île-de-France
Sous la conduite de l'historien Bertrand Lemoine, ce documentaire présente les secrets de la construction de la tour Eiffel (7e), et les grandes étapes de la carrière de son "inventeur", Gustave Eiffel.
Regroupés en chapitres thématiques aux intitulés fantaisistes, les témoignages de descendants des personnes impliquées dans ce gigantesque projet se succèdent, complétés par des documents d'archives et des images de la tour aujourd'hui. Un film évoquant de manière très vivante la formidable épopée de la "dame de fer".
Sont interviewés :
- la petite-fille de l'ingénieur Maurice Koechlin, collaborateur de Gustave Eiffel, qui eut avec Emile Nouguier l'idée de la tour Eiffel
- Patrick Formigé, qui présente le projet (refusé) de tour dessiné par son grand-père Jean-Camille Formigé, ainsi que les autres projets de tours présentés au concours pour l'Exposition universelle de 1889
- Lucien Geindre, ancien ingénieur des forges de Pompey, où furent fabriquées les pièces en fer de la tour.
Autres personnes interviewées :
- Michel Brisset et Pierre Bernard, membres de la Société historique de Levallois-Perret (92), filmés sur l'emplacement des anciens ateliers Eiffel
- le petit-fils d'Angelo Scagliotti, ouvrier italien tué pendant la construction de la tour, dont la mort fut gardée secrète.
- les petites-filles de Gustave Eiffel, qui évoquent le souvenir de leur grand-père.
Sont également abordées les recherches en aérodynamique dans lesquelles s'était lancé Gustave Eiffel à la fin de sa vie.



Depuis, l’accident a aussi pris une nouvelle connotation ; ANGELO est cité aujourd’hui comme un exemple de la cause ouvrière de  la communauté italienne de l’époque. 


Voici un article paru dans le « journal du Peuple » (Le journal insoumis pour la 6ème République) en date du 24 mai 2019.

 « La Tour Eiffel fête cette année ses 130 ans. Celle que l’on surnomme « la Dame de fer » fut construite entre 1887 et 1889. 250 ouvriers assemblèrent les 18 000 pièces métalliques, issues des fonderies de Lorraine, qui composent aujourd’hui l’édifice.
Au cours de la construction, les ouvriers se mettront à plusieurs reprises en grève pour dénoncer leurs conditions de travail (dangers liés à la hauteur, salaires…). Si aucun accident mortel ne semble être à déplorer pendant les 2 années de chantier, un drame survient cependant au lendemain des travaux. Un drame passé sous silence, dont les archives ne disent rien (ou presque). La date même de l’évènement n’est pas très claire. Certains évoquent la veille de l’ouverture au public (15 mai), d’autres la date du 24 mai. Quoi qu’il en soit, alors que l’exposition universelle de Paris vient de débuter, Angelo Scagliotti, ouvrier italien, charpentier de la Tour, invite sa famille à le rejoindre dans la capitale française pour lui faire découvrir l’édifice monumental qu’il a participé à construire. »….. (Suite de l’article uniquement accessible aux abonnés…)




En 2019, à l’occasion du 130ème anniversaire de la construction de la Tour Eiffel, de nombreux articles dans la presse, manifestations et expositions ont été diffusés. Une comédie musicale a même été jouée (59 représentations de mars à juin 2019) au Théâtre des Mathurins intitulée « La Tour de 300 mètres » - Auteur compositeur Marc DEREN.
Dans cette pièce, qui met en scène différents évènements historiques liés  à la construction de la Tour EIFFEL, apparaît le personnage d’Angelo SCAGLIOTTI joué par Matthieu BRUGOT.

Dans les points forts de l’histoire, on relève : 
« Le beau moment d'émotion après la mort de l'ouvrier italien tombé du premier étage, et le chagrin immense de sa veuve. »



ANGELO et AMALIA découvrent des offres d'emploi pour la construction de la Tour




  

LA TOUR DE 300 MÈTRES - LE MUSICAL
 Auteur – Compositeur : Marc DEREN
Metteur en scène : Julien ROUQUETTE
(Assisté de Margaux LLORET)
Direction Musicale : John FLORENCIO - Chorégraphie : Amélie FOUBERT - Costumes : Zoé IMBERT - Lumières : Vincent PARA - Décors : Danièle ROZIER et Pierre POTHIER

Paris 1884 : le gouvernement annonce la prochaine Exposition Universelle, qui aura lieu cinq ans plus tard. Gustave Eiffel, à la tête d'une entreprise florissante qui construit des ponts et des charpentes dans le monde entier, compte y participer.
Dans cette nouvelle comédie musicale, une douzaine de personnages historiques et fictifs vous feront revivre l'histoire incroyable de la Tour Eiffel, dans le Paris de la Belle Epoque.
Tout public, à partir de 10 ans.










·        Le devenir de notre Arrière Grand-Mère, veuve avec ses trois enfants, Pierre (4 ans), Emile (2 ans) et Ernestine (3 mois).



Au lendemain de la disparition du très regretté ANGE, il semble que des tractations se nouent avec la Direction des Constructions Eiffel, notamment auprès de Gustave Eiffel en personne, certainement ému et touché par le drame et qui recherchera finalement une solution d’indemnisation.

Dans la famille, on dit qu’il lui aurait été réservé un emploi de « dame-pipi » à la Tour. En réalité, elle se verra proposer une indemnité à condition  de quitter PARIS et de retourner en Italie.

Ce n'est que le 7 novembre 1889, soit 6 mois après le drame, qu'AMALIA acceptera la proposition de Monsieur Gustave EIFFEL et touchera la somme de Cinq Cents Francs pour son rapatriement et son installation en Italie avec ses trois enfants, Pierre (5 ans) Emile (3 ans) et Ernestine (10 mois).

Elle devra ensuite fournir tous justificatifs de son retour en Italie pour encaisser sur les livres d’une banque italienne à titre de reconnaissance la somme de Quatre Mille Francs. Dans le document formant contrat signé entre les deux parties, était précisé qu’elle se désistait en son nom et ceux de ses enfants mineurs de tous droits et actions contre Monsieur EIFFEL.

AMALIA (MELIE-THERESE) restera en Italie auprès de sa Mère et connaîtra un nouveau malheur en perdant son premier fils PIERRE frappé au cours de la 6ème pandémie de choléra qui toucha l’Europe Centrale.

Seule à nouveau avec ses deux enfants EMILE et ERNESTINE après le décès de sa mère, elle décide de retourner en France et s’établit à VESOUL en Haute Saône pour y retrouver des Amis immigrés italiens et exercera son métier de couturière.
Elle obtient la Nationalité Française ainsi que ses deux enfants le 21 novembre 1908.

 EMILE travaillera dans un premier temps dans une petite usine de fabrication et montage de cuisinières en fonte. Au retour de son service militaire, il entrera aux Chemins de Fer de l'Etat pour y exercer le métier de chauffeur sur locomotive à vapeur (alimentation en charbon de la machine). Lors de ses déplacements sur les rails, il appréciait les paysages champenois qu'il traversait et demanda son affectation pour cette belle région qu'il obtint à EPERNAY et s'implanta à MARDEUIL jusqu'à la fin de ses jours.


C'est à VESOUL qu'il rencontra son épouse et qu'il se marie. Quatre enfants viendront au monde de son union avec MARIE LOUISE OLIVIER : ANDREE, EMILIENNE, FRANCINE et MICHEL. 
 

ERNESTINE (couturière comme sa Maman...) restera pour toujours à Vesoul  (Haute Saône) où elle se mariera avec CHARLES ZINCK (Cheminot), le 17 septembre 1909. Ils auront deux filles : PIERRINE et JEANINE.

A la fin de sa vie, AMALIA alternera des séjours réguliers auprès de ses deux enfants, petits et arrières petits enfants, en Franche Comté et en Champagne. Elle décède en 1952 à MARDEUIL près d’EPERNAY.


AMALIA a conservé ce tout premier guide de poche dans son sac à main qu'elle ne quittait jamais




On relève cet article dans l’Est Magazine en janvier 2003 (avec une fois de plus de fausses affirmations ou informations non vérifiées...)



En 2014, l'EST REPUBLICAIN réédite les mêmes fausses affirmations sur son site en ligne (surligné en jaune : tout ce qui est inexact ; cela fait beaucoup tout de même !...)

Un seul mort avant l'inauguration

Angelo Scagliotti était fier d'avoir participé à la construction de la Tour. Cet Italien avait figuré parmi les 250 ouvriers qui avaient assemblé les pièces de fer puddlé arrivées de Pompey à Levallois-Perret, puis transférées au Champ de Mars.

04 mai 2014 à 05:00 - Temps de lecture : 1 min

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Angelo Scagliotti était fier d'avoir participé à la construction de la Tour. Cet Italien avait figuré parmi les 250 ouvriers qui avaient assemblé les pièces de fer puddlé arrivées de Pompey à Levallois-Perret, puis transférées au Champ de Mars. Le chantier achevé, il allait enfin pouvoir faire visiter le monument à sa fiancée, certains disent sa femme. C'était un dimanche. Il ne travaillait pas. Le couple avait accédé au 1er étage. Dès lors, les rumeurs vont bon train et nul ne connut jamais les conditions exactes du décès de l'ouvrier transalpin. Écrasé par un ascenseur disent les uns, monté en équilibre sur un vélo pour épater sa belle, il bascula dans le vide, disent les autres. À quelques jours de l'ouverture au public, pas question pour Gustave Eiffel, de gâcher la fête ni de ternir l'image d'une Tour alors contestée. L'industriel décide de négocier avec la veuve, lui offre de l'argent pour étouffer l'affaire, à la condition qu'elle retourne en Italie. Elle empoche la somme et quitte Paris. Mais elle ne rentra jamais de l'autre côté des Alpes. Elle s'arrêta en Haute-Saône et plus jamais personne n'entendit parler d'elle.
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 


ANGELO, notre ANGE au Paradis, repose en paix ; il a été inhumé le 26 mai 1889 au cimetière parisien de BAGNEUX (dans la 45ème division) comme l'atteste son registre officiel. Mise à part son épouse, avant de quitter la Capitale, aucun membre de sa Famille n’a pu s’incliner sur sa tombe et la fleurir.

Avec ce blog, nous avons voulu nous rapprocher de lui et lui rendre toute sa part de vérité et de reconnaissance. Ce blog est en quelque sorte une plaque commémorative virtuelle que nous apposons sur un pilier de la Tour, là où il a fini sa vie.

Au moment de sa disparition, aucun journal n’a relaté les faits… Aujourd’hui , son histoire suscite régulièrement des fantasmes journalistiques afin d’accrocher des lecteurs en recherche de sensations. Après le « fantôme du Louvre »… « le seul mort de la Tour EIFFEL » : voilà de quoi attirer le curieux !

Finalement, ANGELO, n’est-ce pas ainsi que tu resteras toujours parmi nous aussi longtemps que la Tour voudra bien rester debout !...



 
Bruno S. (1954), Alain L. (1943), Jean-Pierre P. (1938-2022) Alain P. (1942), Françoise P. (1948) et Claude G. (1948) (des « branches SCAGLIOTTI, LAVAL, ZINCK, PAQUET et GRANDJEAN »)
 - en hommage à notre Arrière Grand- Père .





    

  LE CONTRAT PASSE AVEC GUSTAVE EIFFEL ET AMALIA RELATIF à L'INDEMNISATION




 

 
 
Un très intéressant courrier adressé en Juin 1941 à EMILE, Fils d'ANGELO







PHOTOS ET PORTRAITS  DE  FAMILLE
 
 

 



 









 





Année 1946 : AMALIA (à droite) au mariage de sa deuxième petite fille JEANINE

 

 

 
 


 

 

ENCORE QUELQUES ARCHIVES BIEN  INTERESSANTES...






Courrier de la Société d'exploitation de la TOUR EIFFEL du 7/12/2007. à l'occasion du 60ème anniversaire de FRANCOISE, l'arrière petite fille d'ANGELO, la famille voulait lui faire une surprise, une visite impromptue à la Tour et l'arrivée surprise de ses enfants et d'autres membres de sa Famille. Cet évènement avait "en double détentes" de rendre un hommage à notre Cher ANGE... Une fin de non recevoir en quelque sorte avait été notifiée par ce courrier avec comme raison absolue que "Monsieur SCAGLIOTTI n'était pas une victime de travail"...

 


 

 






 

 

     ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES 


27 Octobre 2021 : ANGELO, tu fais toujours l'actualité et tu te distingues encore comme le "seul mort de la Tour", en revanche : pas d'hommage pour Toi ni pour tes descendants  !


L'Esplanade des Ouvriers-de-la-Tour-Eiffel a été inaugurée le 27 Octobre 2021 ; c'est l'Espace situé entre les quatre pieds de la Tour ainsi dénommé en l'honneur des 250 ouvriers qui ont travaillé à l'assemblage des 7300 tonnes de fer pour l'édification du monument pendant 2 ans, 2 mois et 5 jours.

à l'occasion de cette belle cérémonie, les Responsables de la Tour Eiffel et les élus du 7ème arrondissement ont prononcé les discours de circonstance et, belle initiative, avaient invité des descendants des valeureux "charpentiers du ciel" (dont la petite fille et l'arrière petite fille de Pietro PROVINI).

à l'évidence, les organisateurs se sont bien gardés de rechercher des descendants de feu notre Angelo SCAGLIOTTI, cependant toujours recensé et médaillé pour avoir travaillé pendant la totalité du chantier.

Pour Toi, Pauvre ANGELO et tes descendants : même punition : Pas d'hommage, pas d'invitation pour ta FAMILLE puisque ton accident s'est passé pendant un jour de repos, alors que tu étais venu sur la Tour avec tes collègues riveurs voir les essais du premier ascenseur !

Cela n'a pas échappé à la Presse en ligne (LE FIGARO) qui s'est fendue d'un très bel article consacré à cette inauguration et n'a pas manqué d'ouvrir le chapitre des accidents. Ainsi, on peut lire cette très belle envolée : "Des blessés, il y en aura en haut de la Tour, même si, officiellement, aucun mort n'est à déplorer. Sauf cet Italien, Angelo Scagliotti, qui a chuté en dehors des heures de travail et dont la veuve fut discrètement indemnisée par Gustave Eiffel, selon le site du monument".




6 décembre 2023 - L'EST REPUBLICAIN, surfant sur la vague commémorative du centenaire de la mort de G. EIFFEL, publie un article intitulé "Tour EIFFEL, les descendants lorrains du seul ouvrier mort sur le chantier en quête de vérité".

La journaliste chargée de rédiger ce papier s'est déplacée au domicile d'ALAIN (arrière petit fils d'ANGELO) et de son épouse pour recueillir leur témoignage et obtenir un éclairage sur les circonstances de l'accident survenu à ANGELO et de ses conséquences.

C'est un quasi "copier/coller" de notre blog ; on y retrouve mot pour mot des extraits de notre récit ainsi que des illustrations (photos et documents) toutes issues du blog également.

On se réjouit en tout cas que ce journal ait publié cette fois un article qui soit aussi fidèle (sic) avec l'histoire que nous avons restituée  le plus objectivement possible de façon à honorer la mémoire de notre  illustre ancêtre.

Alain et Claudie LAVAL


27 décembre 2023 - l'Est Républicain publie dans la foulée...un nouvel article sur G. Eiffel et recherche son héritage lorrain.

On lit au tout début de cet article signé G.B. "Comment évoquer la Tour Eiffel et celui qui l'a conçue sans parler de ceux qui l'ont construite. Et particulièrement un nom, un homme venu de Lorraine... il s'appelait Angelo SCAGLIOTTI...

ça c'est un vrai scoop !

Sacré ANGELO ! évidemment, c'était pour coller avec la chanson... tu as dû venir tout droit d'Italie "en passant par la Lorraine avec tes sabots... avec tes sabots dondaine oh oh oh !"... 😁




 

20 décembre 2023 - La chaîne M6 diffuse en deuxième partie de soirée - après le magnifique long métrage de Martin BOURBOULON intitulé EIFFEL - un passionnant documentaire réalisé par Aline HOORPAH : "G. EIFFEL... les derniers secrets" (O2B Productions).

Ce film illustré de documents d'époque et de témoignages de professionnels passionnés ainsi qu'un des descendants de G. EIFFEL, ouvre une réflexion sur sa personnalité et sa vie hors du commun.

Le documentaire se voulant très complet n'élude pas les accidents (cachés ou non déclarés) qui auraient pu survenir lors de l'édification du monument le plus visité de France.

Avec mesure, objectivité et sans excès, une séquence relate l'accident d'ANGELO et la parole est donnée à deux de ses arrières petits enfants, FRANCOISE et BRUNO, en la présence de MICHEL, son dernier petit fils.

Clément SCAGLIOTTI, arrière-arrière petit fils, explique les circonstances de l'accident d'ANGELO avec beaucoup de clarté et donne les détails de l'indemnisation accordée à sa veuve AMALIA, six mois après le drame.

La mémoire de notre ancêtre est enfin honorée publiquement ; cet évènement tant attendu par toute sa Famille vient parachever le travail commencé à travers la diffusion du blog, dont l'objectif se voulait de rétablir toute la vérité sur les circonstances de sa mort.

 



 

 

 











5 commentaires:

  1. Histoire et reportage très intéressants mettant en évidence les "grands secrets" des accidents du travail de l'époque.

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  2. Bravo pour l'hommage
    Ma recommandation : placez en exergue les faits et les preuves pour démentir les MENTEURS
    AFP
    "Si les gravures de l'époque montrent des ouvriers travailler en équilibre dans le vide, sans protection, et dans des conditions extrêmement difficiles, le chantier n'a pourtant causé la mort d'aucun ouvrier au travail, selon Bertrand Lemoine, architecte, ingénieur et historien .
    Des ouvriers travaillent sur le chantier de la Tour Eiffel, dans les années 1930 ( AFP / -)
    "Le chiffre de 300 morts est complètement et grossièrement faux", a-t-il martelé le 5 août, interrogé par l'AFP.
    "Il y a eu un seul accident attesté lorsque la Tour Eiffel était en chantier, celle d'un ouvrier d'origine italienne venu un week-end, hors de ses heures de travail, avec sa fiancée pour lui montrer la Tour, alors que la construction touchait à sa fin. Il s'est fait heurter par un ascenseur. Gustave Eiffel avait indemnisé sa veuve à la condition qu'elle s'éloigne de Paris, pour couper court à d'éventuelles polémiques", relate ce spécialiste de la tour Eiffel, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages. "
    https://factuel.afp.com/doc.afp.com.32G242F

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  3. EN EXERGUE SERAIENT IDEALEMENT ces 3 PREUVES
    1°LE CERTIFICAT DE DECES d'ANGELO SCAGLIOTTI
    prouve qu'il est mort le VENDREDI 24 MAI 1889 jour ouvrable et à "dix heures du matin" et donc pas "venu un week-end, hors de ses heures de travail," comme le prétendent mensongèrement Bernard Lemoine et l'AFP
    2° LE CONTRAT PASSE AVEC GUSTAVE EIFFEL ET AMALIA RELATIF à L'INDEMNISATION (logiquement rédigé par Eiffel) mentionne
    "à raison de l'accident suivi de mort dont mon mari Scagliotti Angelo a été victime le 24 mai 1889 EN TRAVAILLANT SUR LE CHANTIER DE LA TOUR POUR LE COMPTE DE MONSIEUR EIFFEL..."
    PREUVE D'UN ACCIDENT DU TRAVAIL

    3° Si la source est fiable, il faut aussi en exergue
    "Assistant aux manœuvres de pose et réglage du tout premier ascenseur, il s’est vraisemblablement trop approché et commettant une imprudence, son crâne est écrasé lors du passage de la cabine. Il était 10 H. du matin et sa mort est constatée par deux de ses camarades ouvriers présents sur les lieux, à savoir Auguste GILARDIN (37 ans demeurant à PARIS – 97, rue Blomet) et Achille CHAVARD (60 ans demeurant à PARIS – 12, rue Manuel)."

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  4. Félicitations pour cet hommage rendu à votre arrière-grand-père et en même temps à tous les ouvriers et en particulier les italiens qui ont œuvré à la construction de la Tour Eiffel.
    Dans cet article, on y trouve tout l'amour porté à vos arrière-grands-parents et surtout la VERITE ! Avec les preuves. Car il s'agit bien d'un accident du travail qui a été reconnu officieusement mais pas officiellement. Grâce à votre ténacité, l'honneur de votre arrière-grand-père sera reconnu par les médias d'aujourd'hui ! Merci de nous avoir relaté cette émouvante histoire. Jeannine

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  5. Je suis l’arrière petit neveu d’Angelo Scagliotti, et je tiens à rendre à César ce qui lui appartient, je ne suis malheureusement pour rien dans ce formidable travail de documentation. Je serai très heureux de connaître la Branche de ma famille qui a réalisé ce boulot fantastique.

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